Solo

Pour quelques "jewels" de plus...

Rasé, habillé, mon habituelle coiffure incompréhensible, je me regardai dans la glace. J'avais l'air d'être le même homme, et pourtant je me sentais encore comme un étranger dans ma propre peau, et j'hésitais. Sans vraiment savoir qui j'étais, la guilde de Fairy Tail m'avait accepté. J'avais juste eu à me présenter avec la ferme intention d'entrer pour que la meneuse, une certaine Erza, m'autorise à rejoindre ses rangs. Une femme étrange, aux airs abrupts et à la poigne de fer. Probablement une mage aux pouvoirs très puissants.

 La vue brouillée, encore à demi-inconscient après une nuit étrange, j'avais l'impression d'avoir survécu à un long cauchemar : les muscles douloureux comme après une rage de dents, et des élancements dans la tête après une gueule de bois monumentale. Souvenirs vagues, une jeune femme aux longs cheveux blancs servait des boissons au bar, et des hommes s’enivraient en riant. Diableries, pensais-je. Non pas que j’eus cru au diable, à l'enfer, ni à toutes ses fariboles conçues pour forcer des gens à faire non ce qu'ils voulaient, mais ce que d'autres estimaient qu'ils devaient faire.

 J'ai remué la tête, déclenchant une douleur qui me fit grimacer. Ouah ! J'ai dû en prendre une sérieuse hier soir.

 Je me suis étiré, j'ai essayé de me retourner, et je me suis aperçu que j'étais confortablement allongé, les jambes écartées. Je me suis redressé péniblement et j'ai regardé autour de moi. Je n'étais pas dans un endroit dont j'avais gardé le souvenir. J'étais allongé sur un bon matelas, couvert de draps grossiers mais propres sur lesquels étaient étalées d'épaisses couvertures de laine, des édredons et de la fourrure. Le pièce où je me trouvais baignait dans une pénombre rougeâtre. J'ai frotté mes yeux et je me suis rendu compte que la lumière passait entre les épais rideaux accrochés au bord de la fenêtre : je me trouvais dans une chambre accueillante, telle que j'en avait souvent rêvé durant mes voyages. Les rideaux de la fenêtre arrêtaient la lumière. Des rideaux rouges.

 Je me suis levé pour les écarter. J'ai alors reconnu la ville de Magnolia et ses grandes rues. Je ressentais la lumière du soleil réchauffer mon corps au travers de mes vêtements. Quelques tapis de peau et de fourrure réchauffaient un peu le plancher du sol. Pas de meubles, à l'exception du lit et d'un grand coffre de bois sombre richement sculpté. Mes yeux s'arrêtèrent quelques instants sur celui-ci. Il n'avait rien d'exceptionnel, mais il apportait le nécessaire de décoration à l'ensemble de la chambre.

 Au fond à droite, j'ai aperçu une porte, elle aussi en bois. Mes doigts saisirent la poignée en fer. Elle était froide. Avec le recul, je dirais même glaciale. J’oubliais en quelques secondes la chaleur apportées par la lumière extérieure. Un frisson a parcouru mon corps tout entier, en même temps que l’irrépressible envie de plonger à nouveau sous les couvertures pour me réchauffer. La porte s'est ouverte, laissant pénétrer un léger courant d'air. L'endroit n'avait pas l'air fréquenté.

 Un bruit venant d'une pièce voisine attira mon attention. Du verre, probablement brisé maintenant et des jurons. Même de là où j'étais, ça ne semblait pas agréable à entendre. J'ai avancé calmement, mes yeux se posant sur les murs, décorés de soies et de divers écus. Au bout du couloir se tenait une unique porte. Les bruits se répétèrent. Je me suis mit à hauteur de la porte et j'ai jeté un œil par l’entrebâillement.

 Un homme probablement trentenaire, avec d'épais cheveux blonds coiffés vers l'arrière, attendait devant le comptoir. Il portait des habits en mauvais état et avait un bâton dans la main droite. Son air menaçant pointait vers un jeune femme. Le souvenir me revint avec une légère douleur. C'était elle, la jeune femme aux cheveux blancs. Il n'y avait pas de questions à se poser. J'ai ouvert lentement la porte et je me suis avancé vers le bar, les regards posés sur moi. De là, je pouvais voir toutes les personnes présentent dans la salle. Le grand blond était accompagné de deux personnes : une femme et une fille. Sa femme et sa fille, ai-je deviné, au vu de la ressemblance certaine de la dernière. Elle n'était pas vraiment belle, mais pas repoussante non plus. Son seul véritable atout résidait dans un regard de braise et une chevelure princière.

 En me voyant arriver, l'homme a regardé la barman aux cheveux blanc, lançant désagréablement une main vers l'arrière, comme pour dire ''je reviendrais'' puis il a tourné les talons avec un air dépité. Il semblait plus malheureux qu'énervé. J'ai lancé un regard vers la jeune fille. Son nom ne me revenait toujours pas. Je la questionnait du regard, et me comprenant, elle a sourit.
- Il ne faut pas lui en vouloir, a-t-elle prononcé d'une voix douce tout en ramassant les débris de verre au sol. Sa deuxième fille a été enlevée il y a deux semaines... Il est venu en espérant que quelqu'un l'aide, mais pour l'instant tout le monde est occupé.

 Avançant vers le tableau en bois regroupant divers affichages, j'y ai vu un visage qui ressemblait fortement a celui du pauvre père. Je l'ai arrachée du panneau et je l'ai mise dans une poche intérieure à ma veste. Mirajane... Son nom venait de résonner dans mon esprit. De nouveau croisant son regard, j'ai pu lire de la joie. Elle avait l'air contente que je me soucie du sort des autres. Puis, je me suis dirigé vers la sortie.

 J'ai rattrapé le grand blond. Il marchait lentement, essayant de conserver une certaine allure masculine, mais avait la mine sombre. La mère et la fille pleuraient. Je me suis interposé en montrant la gravure représentant leur fille.
- Son nom ? Ai-je demandé, sans plus de précisions.
- Cyndelle... a répondu le père, une larme parvenant enfin à s'extraire de son visage dur. Alors que je me dirigeait vers le probable lieu de l'enlèvement, j'ai pu lire d'un regard en arrière, la joie d'un sourire et d'une émotion chaleureuse.

 Le petit bout de parchemin mentionnait que l'enlèvement avait eu lieu la nuit, dans une ruelle isolée qu'ils empruntaient tous ensemble. Premier objectif, je devais me rendre sur les lieux du crime. Savoir comment ils procèdent, savoir s'ils vont recommencer. S'ils ont déjà recommencé. Quand on réussit, on récidive toujours pour se prouver que ce n'était pas que de la chance. A moins qu'ils soient des professionnels, ces brigands n'auraient pas l'esprit suffisant pour passer à autre chose.